L'INTERVIEW

Olivier a 44 ans et est licencié au club Cyrnea de Lyon depuis 2011 et s'entraîne également à L’UJSM et à l’Aquatic Club de Saint Bel. C’est la chasse sous-marine qui lui a fait découvrir l’apnée, bien que les poissons n’ont, d'après lui "jamais vraiment eu peur de son adresse pour les viser"… Il est très fier d’avoir obtenu son niveau "Indoor Freediver" ainsi que son RIFA Apnée cette année car il souhaite se rattraper avec pour objectif d'obtenir ses diplômes d'encadrant au plus vite. Il participe d'ailleurs depuis 3 ans maintenant au Stage national entrainement compétition à Mulhouse, pour un cours dans lequel il partage son expérience du haut-niveau.

Olivier, on ne te présente plus mais peux-tu tout de même nous rappeler ton palmarès ?
OE : Pour aller à l’essentiel : J'ai remporté le DNF aux championnats de Normandie en 2008. C'était ma première participation à une compétition d'apnée, sans combi, sans leste, j'avais fait 82m. J'ai par la suite remporté plusieurs médailles en Championnat de France, dont l'or en DYN en 2016 et au Combiné cette année. J’ai gagné les 2 dernières Coupes de France, j’ai été Vice-Champion du Monde DNF en 2015 à Mulhouse, Champion et recordman du Monde DNF en 2016 à Lignano, et je reviens cette année avec le bronze en DYN.

Que retiendras-tu de ta saison 2018 ?
OE : Une joyeuse bataille avec Guillaume (Bourdila), qui nous a permis à tous les deux d’arriver aux Mondiaux avec le niveau nécessaire pour rivaliser avec des concurrents toujours plus forts, les supers moments avec la merveilleuse famille de l’apnée lors des compétitions, le génial Open de Lyon avec la dream team TopStar et j’en oublie. Je retiens aussi l’investissement des nombreuses personnes qui m’ont aider à m’entraîner depuis septembre dernier. Et le soutien de ma petite famille. Sans ce bel environnement, je n’en serai pas là aujourd’hui.

Comment s'est passée ta préparation depuis ta nouvelle sélection en Equipe de France ?
OE : J’avoue qu’avec Nicolas Depelchin nous n’avons pas attendu l’annonce de sélection pour mettre les championnats du monde comme objectif. Nous avons construit tout le programme depuis septembre dans ce sens. Ma préparation s'est très bien déroulée, grâce une fois de plus à la solidarité des clubs de l'UJSM et du Loup pendu. Je suis arrivé à Lignano en super forme, j’avais pour preuve réalisé un solide 200m DNF le week end précédent.

Le jour J, comment as-tu appréhendé ta performance ?
OE : Focalisons nous sur le DYN. Mes sensations lors de l'entrainement la veille étaient excellentes. Je nageais vite avec une impression de facilité. J'avais à cœur de prendre ma revanche après ma contre perf du mercredi. N'étant pas un spécialiste de la discipline, j'avais simplement en tête ce foutu mur des 250m. Le samedi matin, j’étais fébrile et sans énergie. Mon moral était au plus bas, l'idée de ne pas me présenter à l'épreuve m'a même traversé l'esprit. C'est la cohésion de l'équipe qui m'a maintenu la tête hors de l'eau, et c'est un SMS de ma famille m'annonçant la médaille obtenu par mon fils à sa compétition de natation du même matin qui m'a remobilisé. Je ne pouvais pas rester sur une mauvaise note.

Comment s'est passée ton apnée ?
OE : J’ai été en mode combattant dès les premiers mètres, me répétant en boucle que je devais assurer pour que ma famille soit fière de moi. J'ai retrouvé les sensations positives de la veille avec une apnée confortable jusqu'au virage des 50m. Paradoxalement, j’ai réussi à bien me relâcher. J'ai commencé à avoir envie de respirer avant les 75m, les premiers tiraillements dans les jambes peu après 100m. au 3eme 50m, j’ai senti que je nageais plus proche de la surface que d’habitude, j’ai su reprendre de la profondeur. A 200m, j’ai su que je pouvais aller au mur suivant. J’ai viré et suis sorti à 255m et 23 centimètres, démobilisé après avoir atteint mon objectif inespéré. En revoyant ma sortie, il est évident que j’aurai pu continuer un peu. Mais je cette 3eme place reste incroyable vu les compétiteurs présents. L’émotion a été immense, je me suis senti comme le boxer qui, après être allé plusieurs fois au tapis a réussi à lancer le dernier crochet lui donnant la victoire.

Reparti pour une saison, avec quels objectifs ?
OE : Mon plus grand exploit est d’avoir réussi cette année encore concilier les entrainements avec le travail et la vie de famille. La réussite appelant la réussite, un nouveau défi professionnel d’offre à moi depuis peu. Mes enfants commencent eux aussi à performer, ils ont besoin d’un papa disponible. Pour le moment, je me focalise sur mes vacances en Corse la semaine prochaine, je réfléchirai à mon avenir de compétiteur plus tard cet été.

Le mot de la fin après cette semaine de compétition ?
OE : Enorme semaine de montagnes russes émotionnelles. Un cadre idéal, une super organisation, une équipe de France homogène plus soudée que jamais, un staff constant dans l’excellence, d’innombrables messages de soutiens qui nous ont boostés face à des compétiteurs formidables. Un grand merci à la Fédé et à tous ceux qui nous permettent de vivre ces aventures.