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L'INTERVIEW

Frédérique a 45 ans et est licenciée au Club de plongée du Loup Pendu. Elle s'entraine aussi à l'UJSM. Enseignante de SVT en Lycée, Fred est aussi très engagée bénévolement, en tant MF1 de Plongée mais également Initiateur IE2 Apnée.

 

Fred


Que retiendras-tu ce cette première sélection dans l'équipe tricolore ?
FD : Au début, beaucoup de stress car je me rends compte dans les 5 minutes de l'annonce de ma sélection, que je ne suis plus redevable à moi mais à ma Fédération. Je me dis, là, va falloir bosser ultra sérieusement. Dès les premiers entrainements, je sens que je vais faire partie d'un tout (je ne me rends pas compte à quel point d'ailleurs).
Cette expérience m'a également apporté de l'émulation le 1er jour de compétition pour le DNF puis beaucoup d'émotions (J'ai pleuré à la sortie d'Olivier au DYN). Le sentiment d'appartenir à une équipe soudée. L'envie de progresser dans l'avenir pour résonner à l'unisson avec mes camarades. Je crois enfin que c'est la seule compétition où j'ai été dans la zone compétiteur avec tant d'envie. Beaucoup d'apnéistes craignent les compétitions mais s'ils connaissaient cette ambiance, ils voudraient tous venir !!!

 

Comment s'est passée ta préparation depuis l'annonce de ta sélection ?
FD : Je vais remonter un peu en amont de cette sélection car j’avais à cœur de toucher les 150m en DNF dès le début de l’année. Jusqu’au mois de février 2018, je me suis toujours entraînée seule ou avec l’aide de mes copains du Club de Plongée du Loup Pendu et de l’UJSM. A partir de février 2018, Nicolas Depelchin (coach d’Olivier Elu) a accepté de me coacher également. Dès cette période, j’ai essayé de suivre de mon mieux ce qu’il me proposait. J’ai également eu la chance de pouvoir m’entraîner quelques fois avec Olivier.
Après la sélection, nous avons fait quasiment tous les entraînements ensemble. Nicolas a œuvré auprès du service des sports de la mairie de Lyon et nous a obtenu quelques créneaux supplémentaires, en particulier en bassin de 50m. Chaque club lyonnais (Cyrnéa, Club de plongée du Loup pendu, UJSM et également la piscine de Saint Bel) a ouvert ses portes pour nous accueillir lorsque nécessaire. Plusieurs encadrants ont proposé d’assurer notre sécurité, gérer les chrono aux entraînements, de nous motiver… L’esprit d’équipe a été très fort dans le cercle des apnéistes lyonnais ! J’en profite d’ailleurs pour tous les remercier. En effet, les entraînements étaient parfois durs (euh… très durs), et cette présence bienveillante et vigilante, ça a été inestimable.
Je remercie également Olivier, car souffrir à deux, ça aide à persévérer ! Les entrainements se sont terminés le 2 juin et une semaine de repos a permis à nos muscles de récupérer et de commencer à se préparer pour la performance.

 

Lors de l'épreuve du DNF, comment s'est passée ton apnée ?
FD : Lors de l’épreuve du DNF, j’ai tâché de ne pas laisser le stress monter. Grâce à Arnaud et Christian, je pense que cela a bien fonctionné. Jusqu’au bout je me sens prête et au maximum de mes capacités. Les 50 premiers mètres sont formidables, comme toujours. Je sens une bonne glisse, mon rythme n’est pas trop lent, le nombre de mouvement correspond à ce que j’avais imaginé.
De 50 à 100 mètres, c’est toujours difficile : les spasmes arrivent réguliers et petit à petit, laissent place à une sensation de lourdeur des jambes. Au delà de 100 m, je doute parfois. J’ai donc convenu de passer en mode « guerrière ». Je me déconnecte de mes sensations physiques et ne me concentre que sur la volonté de rattraper les italiennes dont je connais les max. Arrivée à 150 m, je fais l’erreur de ne pas quitter ce mode. J’aurais du me reconnecter avec mes sensations. J’ai eu tellement peur de dénager et de ne pas atteindre 161 m (mon objectif initial) que je multiplie les mouvements.
A ma sortie, je mets trop de temps à reconnecter mon corps et mon esprit. Je me rend compte que j’ai fait un signe OK tout moche. Je cogite et décide d’en faire un 2ème plus joli (ahhh les filles et leur coquetterie). A ce moment là, je sens que je tremble et me ressaisis mais un peu trop tard : les lèvres ont touché l’eau. Sur le moment, je ne comprends pas trop la décision des juges (je ne suis pas habituée au système des cartons jaune, rouge et blanc) et je regarde la mauvaise main du juge qui tient le carton blanc et le rouge.
Après ma sortie du bassin, je me rends compte que j’ai dépassé 170m, ce qui n’était pas mon objectif. Christian me prévient très rapidement que je ne serai pas validée ce qui ne m’étonne pas car je sais que j’ai ré-immergé les lèvres. Je n’ai pas forcément de regret car je ne pensais pas être médaillable et car cette apnée m’a appris beaucoup de choses pour l’avenir. Il y a des erreurs que je tâcherai de ne pas commettre une 2ème fois.

 

Pourquoi les entraineurs ont-ils décidé de t'aligner également en dynamique bi-palmes ?
FD : J’avais décidé cette année de faire un peu de dynamique bipalme en compétition. Je me suis rendue compte que j’étais plus à l’aise qu’en monopalme car dans un mouvement plus naturelle pour moi qui suis initialement monitrice de plongée bouteille. Début juin, je me rends compte que j’atteins 150 mètres facilement. J’ai demandé à nos coachs si je pouvais participer et ils ont accepté. Ça a été une performance de test pour tout le monde.
Au moment de gagner la ligne de compétition, Christian se rend compte que j’ai des palmes disons... inadaptées et me taquine avec cela, ce qui me détend pas mal il faut le dire. Ce test nous a appris une chose : atteindre 200m n’est pas inaccessible. (Mais il va falloir changer de palme quand même !!!)

 

Comment s'est déroulée ta performance ?
FD : Lors de cette épreuve en bipalmes, je sais et je vérifie que les italiennes sont redoutables car elles sont nombreuses à dépasser 200m. Aussi, je décide de ne pas me mettre la pression et de profiter de cette apnée pour corriger mes défauts lors de l’épreuve de DNF. Lorsque je sais que j’ai dépassé les 160 m, je prépare ma sortie et je fais un protocole irréprochable. Je me rends aussi compte que je suis loin de ce que j’aurais pu faire. Cela me motive énormément pour la saison prochaine.

 

Que te restera t-il comme souvenir de ces Mondiaux ?
FD: Quel souvenir je garderai ? Il y en a tant !!! La première chose, c’est l’équipe ultra soudée. Clairement, on sentait que nous étions là pour réussir ensemble. Il n’y a jamais eu d’individualité.
Je vais me rappeler longtemps les petites phrase de Christian : « tiens voilà les dindes », « allez les poulets » et aux italiens « c’est MA piscine ici » (j’ai même entendu une italienne anticiper sa remarque le 3ème jour et lui dire « c’est ta piscine ! » )
Il y a aussi le calme d’Arnaud, même quand il calcule les temps d’apnée pour la préparation en statique d’Eric (cela avait l'air un peu compliqué).
Je me rappellerai aussi comment Christian, Arnaud, Thiery (Bertrand), Richard (Thomas) et Kevin (Provenzani) étaient au petit soin pour que nous soyons dans les meilleurs conditions. Le sourire quand il le faut, la petite phrase, le tour en voiture pour aller chercher ce qui manque… et j’en passe.
Les moments avec Béatrice Rouvier et Magalie Siterre dans notre chambre commune sont terribles : Beatrice qui nous raconte l’apnée comme une histoire (et Magalie qui s’endort), la sensibilité de Magalie et son sérieux quant à sa préparation à l’apnée, les fous rires quotidiens ensemble, le dragonnage des collégiens allemands qui chahutent dans les couloirs alors que nous essayons de dormir…
Il y a aussi le stress, la peine de voir Olivier faire une apnée bien plus petite que ce qu’il pouvait faire en DNF et la joie de le voir tourner à 250m en monopalme.
Et puis voir les stars de l’apnée en vrai : les modestes comme Guillaume Bourdila, ceux qui sont trop dans leur bulle comme Branko Petrovic (qui se prépare "comme un malade" tous les jours et manque le top départ de 1 minute le jour J) et ceux qui sont capricieux et ne sourient jamais (je ne donnerai pas de nom… aucun français, évidemment)